calandre
et le ciel tout à coup était
un tableau qu’il fallait décrire
les hommes bouche ouverte, la tête contre la vitre, laissaient
la trace grasse de leur front sur le verre, la marque moite de leur front, de leurs pommettes, de leur menton, des gerçures de leurs lèvres, le masque brillant des hommes qui regardaient
le ciel se figer
par la fenêtre ; tous ceux que j’ai vu entrer
dans la vie en sont sortis
avec le même visage lisse et luisant, ils avaient
des clous rouillés et tordus à la place des pupilles et le sourire en calandre de voiture, leurs mains crochues avaient
les phalanges saillantes et les ongles pointus — le tic tac de leurs ongles sur la vitre au rythme des pas — et leurs yeux riaient
ou pleuraient
selon l’orientation de l’ombre portée
par le soleil couchant sur leurs pupilles en forme de clous rouillés et tordus, mais leurs yeux étaient
bleus et immobiles comme le ciel, et leurs yeux clignaient
derrière leurs longs cils comme le ciel derrière les arbres décharnés ; les hommes regardaient
le ciel mais ne voyaient
que la vitre sur laquelle était imprimée
la trace grasse de leur face et sur laquelle ils tapotaient
avant de se lever comme un seul homme ; ils passaient
d’une porte à l’autre sans jamais les pousser
sans avoir
à les claquer ; le presque silence électriques des portes automatiques et des rideaux d’air chaud ; le presque silence des tic tic, des bip bip, des alarmes et des sirènes ; et le ciel tout à coup était
un décor en carton pour leurs silhouettes sérigraphiées et peut-être, me disais-
je de concert avec le soleil couchant, peut-être valait-
il mieux y mettre
le feu