Berlin, Brandenburger Tor

sous mes pieds
les pavés de Berlin
par-dessus ma tête
la Porte de Brandebourg
Berlin au mois d’août
appelle à la balade
mais nous braillons plutôt
sous les banderoles
sous les slogans
plus de justice
moins d’impunité

la voix vacille, vibre
flanche, étouffe
Berlin au mois d’août
appelle aussi à boire
de la bière
et la nuit fut longue
ou courte c’est selon
nous piétinons en groupe de deux ou trois
nous poussons des caddies vides
pour montrer qu’il n’est pas inéluctable
de les remplir

à force les pieds
s’enflamment, s’essouffle
mais ça en vaut la peine
ça vaut plus que la flemme
nous nous sentons moins seuls
nous nous sentons moins vides
nous nous sentons vivre
nous sentons notre corps incorporé
dans quelque chose
de conséquent
de constructif
fiers de nous
fiers d’être fidèles au rendez-vous

en force face au reste du monde
les pieds deviennent légers
les voix s’élèvent
les bras se crochètent
les coudes se lèveront
jusqu’au matin mais c’est mérité
il en fallu des heures de train
accablé de chaleur
les glandes sudoripares en éveil
pour enfin rayonner
s’exposer, s’imposer

Je participe du 28 septembre au 19 octobre 2022 à un atelier d'écriture intitulé "Le corps en tant qu'objet poétique et politique" animé par Pieterke Mol à la Maison du livre de Saint-Gilles. Ceci est le troisième exercice de la deuxième séance, un texte écrit en 20 minutes à propos de notre dernier geste politique et qui joue sur les assonances et les allitérations .