elles sont celles qu’on enlace, qu’on serre, qu’on étouffe
elles sont celles sur lesquelles on étend le bras jusqu’à l’épaule, pour faire mur, pour faire face, pour faire genre
elles sont celles sur lesquelles on lève la main avec joie et fierté, qui résonnent alors jusqu’à relancer le cœur
elles sont celles qui émergent des draps et de tes cheveux quand le soleil se glisse entre les rideaux
ce sont des quilles, des ailerons, des bouées de sauvetage
ce sont celles qui ont besoin d’une autre main, une main détachée du corps, pour être touchées
d’une amante pour y graver l’empreinte de ses phalanges
d’un père pour les faire trembler de sa paume plus large qu’elles
du coude d’une mère — ou plutôt de cet espace en face, de l’autre côté, mais quel est son nom ? —
pour les y poser quand tout en nous tend encore vers le sol
elles sont tout ce qui nous reste de nos ailes
Je participe du 28 septembre au 19 octobre 2022 à un atelier d'écriture intitulé "Le corps en tant qu'objet poétique et politique" animé par Pieterke Mol à la Maison du livre de Saint-Gilles. Ceci est le troisième exercice, autour d'une partie du corps oubliée, rédigé en 20 minutes.
Flat land
they are the ones that we embrace, we hug, we choke
they are the ones on which we raise our hands with pride and joy, to make a wall, to face, to be like
they are the ones that emerge from the sheets and from your hair when the sun slips between the curtains
these are keels, fins, lifebuoys
these are the ones who need another hand, a hand detached from the body, to be touched
a lover to engrave the imprint of her phalanges
a father to make them shake with his palm wider than them
a mother’s elbow — or rather the space in front, on the other side, but what’s its name? —
to put them there when everything in us stil tends toward the ground
they are all that remains or our wings